D’où venons-nous ? 

« La prière du juste agit avec beaucoup de puissance »

Jacques 5, 16

En 1120, le roi de France, Louis VI, confie à l’abbaye de Saint-Denis, la charge de la paroisse de Cergy. C’est la première mention de Cergy dans les textes.

 

Cergy avant Cergy

Les fouilles archéologiques organisées à l’occasion de la restauration de l’église Saint-Christophe attestent une occupation beaucoup plus ancienne du site.  La plus ancienne trace chrétienne sur le territoire de la paroisse remonte aux temps mérovingiens. En effet, il existe depuis le VIe ou VIIe siècle une petite église autour de laquelle les chrétiens étaient inhumés. Plus de 500 ans avant la première mention de la paroisse, les habitants de la région venaient sans doute recevoir les sacrements et vénérer leurs défunts dans une petite église près du gué qui permettait  de traverser l’Oise.

Ce petit bâtiment est détruit pour être remplacé par un édifice plus grand entre le IXe et le Xe siècle sous les règnes des souverains carolingiens. Les dimensions de ce nouveau bâtiment religieux peuvent laisser penser qu’il était le siège d’une paroisse. La paroisse est, au Moyen Âge, le territoire que l’évêque confie à un curé qui a charge d’âme des habitants venant recevoir les sacrements dans l’église. Les fidèles doivent reverser une partie de leurs récoltes, la dîme, au curé afin d’assurer sa subsistance.

Depuis l’Antiquité tardive ou le haut Moyen Age, le territoire de Cergy était sous la juridiction de l’évêque de Rouen. L’Oise marquait la frontière avec le diocèse de Paris. Cergy était sous la juridiction du comte du Vexin qui englobait la partie « française » et la partie « normande » jusqu’au traité de Saint-Clair-sur-Epte de 911. A cette date, le roi de France octroya la partie occidentale du Vexin à Rollon, chef viking qui devint comte de Rouen. Cergy fut rattaché au domaine royal en 1077 à la mort du dernier comte du Vexin français Simon. Le territoire de Cergy est donc situé dans une zone frontière entre diocèses de Paris et de Rouen, entre espace normand puis anglais et espace français.

 

1120, la naissance de la paroisse

En 1120, le roi Louis VI dit le Gros donne l’église de Cergy et donc la paroisse à l’abbaye de Saint-Denis. Tout en dépendant toujours de l’évêque de Rouen. Cet acte est éminemment politique. En donnant un large territoire dans une zone tampon avec les terres anglo-normandes à l’abbaye royale de Saint-Denis, le roi s’assure de la fidélité des habitants de la région.

Pour l’abbaye, il s’agit de s’assurer des revenus dans une zone où d’autres grandes abbayes possèdent plusieurs prieurés et monastères : à Pontoise, l’abbaye normande du Bec possède le prieuré Saint-Pierre alors que Cluny la bourguignonne possède l’abbaye Saint-Martin. L’abbé de Saint-Denis et conseiller du roi, Suger, souhaite assurer à son domaine des revenus importants grâce aux terres fertiles du Vexin. Outre les récoltes, l’abbaye profitait du droit de passage de l’Oise, des taxes sur les marchandises transitant par le port de Cergy.

La paroisse de Cergy devient alors le centre des possessions de l’abbaye de Saint-Denis dans le Vexin. Cergy est ainsi une prévôté, c’est-à-dire un domaine où n’a sans doute jamais résidé une petite communauté de moines. Aucun prieur n’a donc résidé à Cergy contrairement à la tradition locale.

 

Etre chrétien au Moyen Age

Même si aucune source sur Cergy à proprement parlé n’évoque la vie des simples habitants de la paroisse, nous pouvons, néanmoins, facilement imaginer qu’elle pouvait être la vie d’un Cergyssois du Moyen Age. La quasi-totalité des habitants étaient des paysans, vivant péniblement des travaux des champs. Les coteaux, notamment ceux orientés à l’Est  (à Gency par exemple), étaient sans doute plantés de vignes, le reste des terres était consacré aux céréales ou encore à la culture légumière assurant la subsistance des familles. Quelques Cergyssois pouvaient profiter de l’Oise pour la pêche bien sûr alors que les propriétaires de bœufs et de chevaux s’assurer quelques deniers en tirant les bateaux remontant l’Oise.

L’église, qui a été plusieurs fois agrandies du XIIe ou XVe siècle, était le cœur de la vie du chrétien. Le curé encadrait la vie des fidèles par la distribution des sacrements : le baptême des jeunes enfants, les mariages, l’eucharistie de Pâques, la confession et l’extrême-onction. Les paysans étaient aussi très attachés à la bénédiction des champs, à certaines fêtes aujourd’hui oubliées. Vincent, patron des vignerons, était sans doute célébré à Cergy tout comme Christophe, patron des voyageurs. La foi était centrale pour les hommes et femmes du Moyen Âge dont la vie était soumise aux aléas naturels qui pouvait détruire les récoltes, aux disettes et famines, aux épidémies (comme la Peste Noire au milieu du XIVe siècle).

Les guerres sont rares dans la région jusqu’à la guerre de Cent Ans. La région de Cergy est victime des pillages des routiers – soldats au service des rois français ou anglais qui hors des périodes de conflits errent sur les routes pour s’assurer des revenus.  L’abbaye de Saint-Denis note durant ce siècle de guerre une baisse de ses revenus. L’église fut sans doute elle-même pillée et profanée obligeant l’archevêque de Rouen à envoyer un représentant pour procéder à une nouvelle consécration de l’église en 1479.

 

Cergy de la fin du Moyen Age à la Révolution française

La paroisse de Cergy connaît les affres de la guerre de Cent Ans. Au lieu-dit le Brûloir, les Anglais et les Français s’opposèrent. Les habitants de la paroisse eurent sans doute à souffrir des pillages des soldats des deux camps.

Les habitants subissaient régulièrement des épidémies meurtrières et en particulier celle de la Peste Noire qui toucha la région en juin 1348. Face à cette maladie qui tuait en quelques jours, la population se tournait vers Dieu et saint Roch, patron des malades de la Peste.

Malgré tout, le petit village demeure un passage très important comme en témoigne la création d’un impôt par le roi Louis XI pour le passage du pont de Cergy. Quelques années plus tard, en 1479, l’église est consacrée une nouvelle fois, sans doute après une campagne de restauration qui suivit des destructions pendant la guerre de Cent Ans.

Au milieu du XVIe siècle, on décida d’agrandir l’église pour accueillir une population toujours plus nombreuse. Le chantier fut confié à la famille Le Mercier qui reconstruisit les églises de Pontoise et Gisors notamment.  Les guerres de Religion ont, elles aussi, apporter la violence et la destruction dans la région. Même si Cergy n’a jamais été un haut lieu de combat, Pontoise fut par deux fois assiégée en 1589 et 1590. Sans aucun doute, Cergy comme les villages environnants dut subir pillages, destructions des armées protestantes et de la Ligue. C’est pourquoi le chantier de l’église ne fut jamais terminé faute d’argent.

Les XVIIe et XVIIIe siècles sont beaucoup plus calmes et prospères pour la paroisse qui vit grâce au passage sur l’Oise, aux vignes qui croissent sur les coteaux mais aussi grâce au chasse-marée qui empruntait la rue du Brûloir pour approvisionner Paris en poissons de la Manche.

 

Cergy de la Révolution à nos jours
La Révolution ne semble pas avoir laissé beaucoup de traces à Cergy. Mais c’est à cette date que les limites de la paroisse deviennent celle de la commune. La paroisse dépend désormais de l’évêque de Versailles dont le diocèse est créé à la Révolution et confirmé par le Concordat de 1801.

Le XIXe siècle est le temps de la rechristianisation. L’église retrouve de nouveaux vitraux que nous pouvons encore admirer. Les croix refleurissent sur les routes comme celle de la Croix Petit ou du Brûloir. Le XIXe siècle voit aussi le développement de l’industrialisation. Malgré tout, Cergy demeure un village essentiel agricole. Au début du XXe siècle, à la veille de la Première Guerre mondiale, la ligne ferroviaire Pontoise-Poissy assure, tant bien que mal, l’exportation vers Paris de la production agricole locale.